mardi 5 mai 2009, par Hugo Victor-Marie
Nous l’avons laissée au sud-sud-est. Elle est derrière nous.
Et le Guernesiais poursuivit :
Tant gros rochers que menus, les Grelets ont cinquante-sept pointes.
Et les Minquiers quarante-huit, dit le Malouin.
Ici le dialogue se concentra entre le Malouin et le Guernesiais.
Il me semble, monsieur de Saint-Malo, qu’il y a trois rochers que vous ne comptez pas.
Je compte tout.
De la Dérée au Maître-île ?
Oui.
Et les Maisons ?
Qui sont sept rochers au milieu des Minquiers.
Oui.
Je vois que vous connaissez les pierres.
Si on ne connaissait pas les pierres, on ne serait pas de Saint-Malo.
Ça fait plaisir d’entendre les raisonnements des Français.
Le Malouin salua à son tour, et dit :
Les Sauvages sont trois rochers.
Et les Moines deux.
Et le Canard un.
Le Canard, ça dit un seul.
Non, car la Suarde, c’est quatre rochers.
Qu’appelez-vous la Suarde ? demanda le Guernesiais.
Nous appelons la Suarde ce que vous appelez les Chouas.
Il ne fait pas bon passer entre les Chouas et le Canard.
Ça n’est possible qu’aux oiseaux.
Et aux poissons.
Pas trop. Dans les gros temps, ils se cognent aux murs.
Il y a du sable dans les Minquiers.
Autour des Maisons.
C’est huit rochers qu’on voit de Jersey.
De la grève d’Azette, c’est juste. Pas huit, sept.
À mer retirée, on peut se promener dans les Minquiers.
Sans doute, il y a de la découverte.
Et les Dirouilles ?
Les Dirouilles n’ont rien de commun avec les Minquiers.
Je veux dire que c’est dangereux.
C’est du côté de Granville.
On voit que, comme nous, vous gens de Saint-Malo, vous avez amour de naviguer dans ces mers.
Oui, répondit le Malouin, avec cette différence que nous disons : nous avons habitude, et que vous dites : nous avons amour.
Vous êtes de bons marins.
Je suis marchand de boeufs.
Qui donc était de Saint-Malo, déjà ?
Surcouf.
Un autre ?
Duguay-Trouin.
Ici le voyageur de commerce parisien intervint.
Duguay-Trouin ? Il fut pris par les Anglais. Il était aussi aimable que brave. Il sut plaire à une jeune Anglaise. Ce fut elle qui brisa ses fers.
En ce moment une voix tonnante cria :
Tu es ivre !