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L’inattendu intervient (2)

mardi 5 mai 2009, par Hugo Victor-Marie

Avant une demi-heure, il côtoierait d’assez près l’écueil Douvres.

Clubin se dit : Je suis sauvé.

Dans une minute comme celle où il était, on ne pense d’abord qu’à la vie.

Ce coutre était peut-être étranger. Qui sait si ce n’était pas un des navires contrebandiers allant à Plainmont ? Qui sait si ce n’était pas Blasquito lui-même ? En ce cas, non seulement la vie serait sauve, mais la fortune ; et la rencontre de l’écueil Douvres, en hâtant la conclusion, en supprimant l’attente dans la maison visionnée, en dénouant en pleine mer l’aventure, aurait été un incident heureux.

Toute la certitude de la réussite rentra frénétiquement dans ce sombre esprit.

C’est une chose étrange que la facilité avec laquelle les coquins croient que le succès leur est dû.

Il n’y avait qu’une chose à faire.

La Durande, engagée dans les rochers, mêlait sa silhouette à la leur, se confondait avec leur dentelure où elle n’était qu’un linéament de plus, y était indistincte et perdue, et ne suffirait pas, dans le peu de jour qui restait, pour attirer l’attention du navire qui allait passer.

Mais une figure humaine se dessinant en noir sur la blancheur crépusculaire, debout sur le plateau du rocher l’Homme et faisant des signaux de détresse, serait sans nul doute aperçue. On enverrait une embarcation pour recueillir le naufragé.

Le rocher l’Homme n’était qu’à deux cents brasses.

L’atteindre à la nage était simple, l’escalader était facile.

Il n’y avait pas une minute à perdre.

L’avant de la Durande étant dans la roche, c’était du haut de l’arrière, et du point même où était Clubin, qu’il fallait se jeter à la nage.

Il commença par mouiller une sonde et reconnut qu’il y avait sous l’arrière beaucoup de fond. Les coquillages microscopiques de foraminifères et de polycystinées que le suif rapporta étaient intacts, ce qui indiquait qu’il y avait là de très creuses caves de roche où l’eau, quelle que fût l’agitation de la surface, était toujours tranquille.

Il se déshabilla, laissant ses vêtements sur le pont.

Des vêtements, il en trouverait sur le coutre.

Il ne garda que la ceinture de cuir.

Quand il fut nu, il porta la main à cette ceinture, la reboucla, y palpa la boîte de fer, étudia rapidement du regard la direction qu’il aurait à suivre à travers les brisants et les vagues pour gagner le rocher l’Homme, puis, se précipitant la tête la première, il plongea.

Comme il tombait de haut, il plongea profondément.

Il entra très avant sous l’eau, atteignit le fond, le toucha, côtoya un moment les roches sous-marines, puis donna une secousse pour remonter à la surface.

En ce moment, il se sentit saisir par le pied.